Nous avons parcouru
en 5 jours les 187 kms qui séparent Puquio de Chalhuanca. Encore 5 jours
magiques... Nous avons tout d’abord quitté la zone verdoyante de Puquio pour
nous élever tout doucement vers les hauts plateaux. Là-haut, nous avons roulé à
travers la pampa, au milieu des troupeaux de chèvres alpagas, nous avons admiré
de beaux lacs d’altitude (avec leurs oiseaux et leurs flamands roses), nous
avons traversé quelques petits villages perdus au milieu de nulle part, pleins
de vie et très accueillants.
Ce
tronçon aura aussi été celui de quelques records :
-
La montée la plus raide, avec un
record de vitesse à 3,7 km/hr !
- Les
bivouacs les plus élevés : trois campements au-dessus de 4000m, dont un à
4400m- Les bivouacs les plus froids : -10°C
Aucun de nous quatre n’a eu froid la nuit, c’est bon, l’équipement est validé !
- Les couchers les plus précoces : 19h, tout le monde au lit !
- La descente la plus longue : 50 kms presque non-stop…
Il aura aussi été
celui de notre premier incident technique : crevaison de la remorque des
enfants. Julien a assuré son rôle de technicien en effectuant la réparation en
un temps record.
Encore une fois nous
avons fait de belles rencontres. La plus marquante restera celle avec Pio. Nous
venions tranquillement d’installer notre tente près d’un lac à 4300m d’altitude,
lorsqu’un drôle de bonhomme est arrivé avec son chien. Vous connaissez Jo l’Indien ?
Et bien c’était à peu près le même personnage : habillé en haillons, la
peau noire et rêche, les cheveux longs, le regard lugubre. Il nous faisait
signe de démonter la tente. Arg ! Il allait falloir déménager… Après
quelques échanges, nous avons compris qu’au contraire, il voulait que nous
démontions la tente pour aller dormir chez lui ! Nous avons refusé, mais
nous l’avons invité à boire un maté de coca. Il s’appelait Pio, il vivait seul
avec son chien Bobby dans une petite cahute au bout du lac, il élevait des « alpagas
du Pérou » comme il disait, des vaches et des ânes. Il était un peu
alcoolisé, à moins que ce ne se soit les feuilles de coca. Un personnage
touchant. Nous lui avons donné quelques cigarettes, il nous a donné quelques
feuilles de coca, et nos chemins se sont séparés.
Nous avons aussi
discuté avec deux pêcheurs de truites au bord d’un autre lac, eux aussi
vivaient seuls sur ces hauts plateaux, drôle de vie. Petit aparté sur la truite :
nous en avons dégusté quelques-unes dans des bouibouis en bord de route,
succulentes !
Et puis nous avons
fait une rencontre beaucoup plus triste : deux enfants (une petite fille
de 4 ans et un garçon de 12 ans) étaient au bord de la route, habillés en tenue
traditionnelle. Ils nous ont proposé de danser en échange de quelques soles.
Leurs parents s’occupaient des alpagas, et eux étaient condamnés à travailler
ainsi au bord de la route. Ils avaient la peau du visage toute crevassée, ils
étaient un peu apeurés et avaient le regard particulièrement triste. Nous leur
avons donné un peu d’argent, du chocolat, et Lise et Augustin leur ont offert
quelques-uns de leurs jouets.
Il faut savoir qu’au
Pérou, l’eau potable et le chauffage n’existent pas. Toutes ces personnes que
nous rencontrons vivent donc dans des conditions difficiles. Les nuits sont
très fraîches, ils habitent dans des baraques pas isolées et pleines de courant
d’air, et ne disposent pas de doudounes et duvets dernière génération comme les
nôtres !
Plus amusantes les
rencontres avec les dizaines de colombiens se rendant en voiture ou en moto au
mondial de foot au Brésil. Ils sont fous ces colombiens ! Tous nous ont
klaxonné et encouragé, la plupart se sont arrêtés pour discuter avec nous, nous
prendre en photo, nous filmer… Ça nous a donné envie de visiter la Colombie, un
autre voyage peut-être !
Enfin, n’oublions pas
notre ami José. Nous étions en train de grimper la côte la plus difficile du
voyage, lorsque José nous a interpellés sur le bord de la route. Il était en
sandalettes et se rendait à pied à la mine pour gagner 800 soles par mois
(environ 220 euros). Il a marché un bon bout de temps à nos côtés, nous faisant
la causette. Terrible épreuve pour nous : en pleine côte, à plus de 4000m
d’altitude, nous devions en plus nous efforcer de discuter en espagnol ! L’apothéose
fut quand José nous donna des feuilles de coca à mâcher soi-disant pour nous
donner des forces. C’était, il faut le reconnaître, assez immonde… Après coup,
nous avons bien rigolé de cet épisode !
Pour toutes ces formidables
rencontres, nous ne regrettons vraiment pas d’avoir choisi le vélo comme moyen
de transport. Nous sommes persuadés que ce mode de déplacement, lent et proche
de la nature, favorise les échanges avec les autochtones.
Cela fait plus de 3
semaines que nous sommes au Pérou maintenant. S’il s’agissait de vacances d’été,
il serait déjà l’heure de rentrer. Mais il nous reste 6 mois d’aventure, waouh !
Aujourd’hui nous
sommes à Chalhuanca pour une journée de repos. Au programme, grand nettoyage,
bonnes siestes, internet, ballades, visite de thermes, et préparation de la
prochaine étape.
Encore un super article et des belles photos ! On est preneur des adresses de vos bivouacs :-)
RépondreSupprimerBonne route vers Cuzco !
Erreur fatale de regarder ces photos et de vous lire pendant la pause déjeuner du boulot!!! ça n'arrange rien à la motivation tout ça, surtout les chouettes photos de vos bivouacs... Je crois que vos lits douillets ne vous manquent pas du tout!! Faites attention tout de même car ce Jo l'Indien, il ne fait pas rire du tout!!!
RépondreSupprimerProfitez car vu d'ici, vos trois premières semaines sont passées à vitesse grand V...
On pense très fort à vous! Bonne route les amis!!!
Les Guenilles
... votre journal de bord est devenu un véritable rite quasi quotidien tant vos photos et récits nous transportent... et on se surprend presque à pedaler en faisant défiler les photos ou parcourant vos récits ;-) ... tant qu'on ne mache pas des feuilles de coca (pas d'inquiétude hein ?! lol) Ah la rencontre avec un pseudo Jo l'indien...Effectivement ça devait être quelque chose... ! En tous les un grand Bravo pour vos belles grimpées déjà avalées... et vos jolis sourires Lise et Augustin @ux prochaines étapes, gros bisous !
RépondreSupprimerMarie et Seb
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