dimanche 15 juin 2014

De Puquio à Chalhuanca : toujours plus haut !

Nous avons parcouru en 5 jours les 187 kms qui séparent Puquio de Chalhuanca. Encore 5 jours magiques... Nous avons tout d’abord quitté la zone verdoyante de Puquio pour nous élever tout doucement vers les hauts plateaux. Là-haut, nous avons roulé à travers la pampa, au milieu des troupeaux de chèvres alpagas, nous avons admiré de beaux lacs d’altitude (avec leurs oiseaux et leurs flamands roses), nous avons traversé quelques petits villages perdus au milieu de nulle part, pleins de vie et très accueillants.

Ce tronçon aura aussi été celui de quelques records :
-       La montée la plus raide, avec un record de vitesse à 3,7 km/hr !
-       Les bivouacs les plus élevés : trois campements au-dessus de 4000m, dont un à 4400m
-       Les bivouacs les plus froids : -10°C
     Aucun de nous quatre n’a eu froid la nuit, c’est bon, l’équipement est validé !
-       Les couchers les plus précoces : 19h, tout le monde au lit !
-       La descente la plus longue : 50 kms presque non-stop…

Il aura aussi été celui de notre premier incident technique : crevaison de la remorque des enfants. Julien a assuré son rôle de technicien en effectuant la réparation en un temps record.
Encore une fois nous avons fait de belles rencontres. La plus marquante restera celle avec Pio. Nous venions tranquillement d’installer notre tente près d’un lac à 4300m d’altitude, lorsqu’un drôle de bonhomme est arrivé avec son chien. Vous connaissez Jo l’Indien ? Et bien c’était à peu près le même personnage : habillé en haillons, la peau noire et rêche, les cheveux longs, le regard lugubre. Il nous faisait signe de démonter la tente. Arg ! Il allait falloir déménager… Après quelques échanges, nous avons compris qu’au contraire, il voulait que nous démontions la tente pour aller dormir chez lui ! Nous avons refusé, mais nous l’avons invité à boire un maté de coca. Il s’appelait Pio, il vivait seul avec son chien Bobby dans une petite cahute au bout du lac, il élevait des « alpagas du Pérou » comme il disait, des vaches et des ânes. Il était un peu alcoolisé, à moins que ce ne se soit les feuilles de coca. Un personnage touchant. Nous lui avons donné quelques cigarettes, il nous a donné quelques feuilles de coca, et nos chemins se sont séparés.
Nous avons aussi discuté avec deux pêcheurs de truites au bord d’un autre lac, eux aussi vivaient seuls sur ces hauts plateaux, drôle de vie. Petit aparté sur la truite : nous en avons dégusté quelques-unes dans des bouibouis en bord de route, succulentes !
Et puis nous avons fait une rencontre beaucoup plus triste : deux enfants (une petite fille de 4 ans et un garçon de 12 ans) étaient au bord de la route, habillés en tenue traditionnelle. Ils nous ont proposé de danser en échange de quelques soles. Leurs parents s’occupaient des alpagas, et eux étaient condamnés à travailler ainsi au bord de la route. Ils avaient la peau du visage toute crevassée, ils étaient un peu apeurés et avaient le regard particulièrement triste. Nous leur avons donné un peu d’argent, du chocolat, et Lise et Augustin leur ont offert quelques-uns de leurs jouets.
Il faut savoir qu’au Pérou, l’eau potable et le chauffage n’existent pas. Toutes ces personnes que nous rencontrons vivent donc dans des conditions difficiles. Les nuits sont très fraîches, ils habitent dans des baraques pas isolées et pleines de courant d’air, et ne disposent pas de doudounes et duvets dernière génération comme les nôtres !
Plus amusantes les rencontres avec les dizaines de colombiens se rendant en voiture ou en moto au mondial de foot au Brésil. Ils sont fous ces colombiens ! Tous nous ont klaxonné et encouragé, la plupart se sont arrêtés pour discuter avec nous, nous prendre en photo, nous filmer… Ça nous a donné envie de visiter la Colombie, un autre voyage peut-être !
Enfin, n’oublions pas notre ami José. Nous étions en train de grimper la côte la plus difficile du voyage, lorsque José nous a interpellés sur le bord de la route. Il était en sandalettes et se rendait à pied à la mine pour gagner 800 soles par mois (environ 220 euros). Il a marché un bon bout de temps à nos côtés, nous faisant la causette. Terrible épreuve pour nous : en pleine côte, à plus de 4000m d’altitude, nous devions en plus nous efforcer de discuter en espagnol ! L’apothéose fut quand José nous donna des feuilles de coca à mâcher soi-disant pour nous donner des forces. C’était, il faut le reconnaître, assez immonde… Après coup, nous avons bien rigolé de cet épisode !
Pour toutes ces formidables rencontres, nous ne regrettons vraiment pas d’avoir choisi le vélo comme moyen de transport. Nous sommes persuadés que ce mode de déplacement, lent et proche de la nature, favorise les échanges avec les autochtones.
Cela fait plus de 3 semaines que nous sommes au Pérou maintenant. S’il s’agissait de vacances d’été, il serait déjà l’heure de rentrer. Mais il nous reste 6 mois d’aventure, waouh !
Aujourd’hui nous sommes à Chalhuanca pour une journée de repos. Au programme, grand nettoyage, bonnes siestes, internet, ballades, visite de thermes, et préparation de la prochaine étape.



 
 
 
 






4 commentaires:

  1. Encore un super article et des belles photos ! On est preneur des adresses de vos bivouacs :-)
    Bonne route vers Cuzco !

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  2. Erreur fatale de regarder ces photos et de vous lire pendant la pause déjeuner du boulot!!! ça n'arrange rien à la motivation tout ça, surtout les chouettes photos de vos bivouacs... Je crois que vos lits douillets ne vous manquent pas du tout!! Faites attention tout de même car ce Jo l'Indien, il ne fait pas rire du tout!!!
    Profitez car vu d'ici, vos trois premières semaines sont passées à vitesse grand V...
    On pense très fort à vous! Bonne route les amis!!!
    Les Guenilles

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  3. ... votre journal de bord est devenu un véritable rite quasi quotidien tant vos photos et récits nous transportent... et on se surprend presque à pedaler en faisant défiler les photos ou parcourant vos récits ;-) ... tant qu'on ne mache pas des feuilles de coca (pas d'inquiétude hein ?! lol) Ah la rencontre avec un pseudo Jo l'indien...Effectivement ça devait être quelque chose... ! En tous les un grand Bravo pour vos belles grimpées déjà avalées... et vos jolis sourires Lise et Augustin @ux prochaines étapes, gros bisous !

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