dimanche 7 décembre 2014

Puerto Aysen – Entre Lagos : ça sent la fin, mais c’est toujours aussi bien !

A Puerto Aysen, nous sommes allés observer les curieux va-et-vient des bateaux de pêche dans le port d’Aguas Muertas. Le port n’est pas situé en bord de mer, qui ne vient plus à Puerto Aysen depuis belle lurette, mais sur un étroit canal : les bateaux doivent effectuer des manœuvres incroyables pour pouvoir amarrer ou quitter le port, impressionnant ! Nous avons aussi profité de l’agréable bibliothèque de la ville pour lire des histoires aux enfants. Et puis les filles se sont fait couper les cheveux ; en revanche, toujours pas de barbier pour Julien… Gardera-t-il la barbe jusqu’à Echirolles ou restera-t-elle chez un barbier de Santiago ? Suspense…
 
Après ce paisible séjour à Puerto Aysen, c’est sous la pluie que nous avons rejoint à vélo l’embarcadère des ferrys de Puerto Chacabuco. L’Evangelistas et son équipage nous attendaient. Ont embarqué dans le ferry : des dizaines de camions, des engins de travaux publics, une quarantaine de vaches, quelques voitures, une vingtaine de passagers et nos 2 vélos !
 
Le voyage, bien qu’un peu longuet (30 heures…), fut calme et paisible. Nous avons alterné moments de repos dans notre cabine, repas, lectures et jeux dans la salle commune, et observation des paysages et des otaries depuis les différents ponts du navire. Notre arrivée à Puerto Montt était prévue à 18h, mais nous sommes finalement arrivés à 22h… Aïe, un peu tard et sombre pour trouver un lieu pour dormir… Nous avons donc demandé à un responsable de l’Evangelistas si nous pouvions passer la nuit sur le bateau : pas de problème, il nous a donné une cabine à l’avant du ferry, avec les autres membres de l’équipage. Super, merci Navimag ! La nuit fut bonne, mais le réveil matinal : il nous fallut quitter le paquebot à 5h45, juste avant qu’il ne reparte pour Puerto Aysen.
 
Nous avons passé la matinée à Puerto Montt : dans un premier temps en compagnie des chiens, des agents de nettoyage et des « pilos » du dimanche matin, puis un peu plus tard, en compagnie des promeneurs, des joggeurs et des familles. Ensuite l’heure est venue de quitter la ville. On nous avait annoncé une côte difficile ; oui, oh, des côtes, on en avait vu d’autres depuis le début de notre voyage, ce n’est pas la petite côte de Puerto Montt qui allait nous faire peur. Mais lorsque nous avons vu la fameuse « subida », nous avons changé d’avis… Mon dieu ce que c’était raide ! Mais comment est-ce possible de faire des routes aussi pentues ? C’est inhumain (ou plutôt « incycliste ») !
 
A Puerto Varas, au bord du lac, nous avons fait une petite pause « pâtés de sable » ; Lise et Augustin se sont régalés ! Mais nous, parents, sommes plus orientés montagne que plage, alors papis-mamies, on compte sur vous pour emmener les enfants à la mer cet été, ils adorent !! Autour de Puerto Varas, les campings étaient terriblement chers, impossible pour nous de dépenser autant d’argent pour une nuit sous la tente. Heureusement, avec un peu de tact et de négociation, nous avons réussi à diviser les prix par 3. Un peu plus loin, à Ensenada, les points de vue étaient superbes : volcans aux formes très géométriques, lac aux eaux translucides, le tout sous le soleil, merveilleux !
 
Nous avons fait un petit crochet par Petrohue, connue pour ses chutes d’eau spectaculaires, puis nous avons installé le bivouac sur la plage de Petrohue. C’est en papotant avec le garde-côte que nous avons appris que Petrohue tenait son nom de la « petro », petite mouche à la piqure douloureuse et persistante… Ah oui, effectivement : à 19h, nous étions tous les 4 barricadés sous la tente ! Dommage l’endroit était vraiment très joli.
 
L’étape du lendemain aura été l’étape du record de rencontres de cyclotouristes : 3 groupes en 2 heures ! Il y a tout d’abord eu Anne-Sophie, lorraine en vadrouille en vélo couché. Puis ce fut le tour de Christian et Martine, ardéchois à la retraite ; comble du hasard, ils vivent à 2 pas de chez Yann, celui qui a fabriqué notre tandem ! Et enfin, nous avons rencontré une famille de canadiens : Matt (le papa), Amy (la maman), Finlay (5 ans) et Liam (4 ans) ; nous n’allions pas dans la même direction qu’eux, quel dommage, nous aurions beaucoup aimé partager quelques étapes avec cette sympathique famille… Pour conclure cette journée riche en rencontres dans la bonne humeur : baignade pour les 4 bisons dans le lac de Las Cascadas !
 
Le lendemain, nous avons voulu quitter la route, pour nous aventurer hors des sentiers battus, autour du lac de Rupanco. La piste était difficile (sable, gros cailloux, tôle ondulée) mais le cadre était plaisant : nous roulions en pleine campagne, au milieu des vaches, des gauchos, des volcans et des eucalyptus. La fatigue commençant à se faire sentir, nous nous sommes mis à la recherche « du » camping. Pas une personne ne nous disait la même chose… 2 kms, 4 kms, 7 kms, 20 kms, faîtes votre choix ! Finalement, une dame nous a proposé son champ pour quelques pesos, ça nous allait bien. Le lendemain, nous avons continué de rouler le long du lac. Nous savions que cette piste était sans issue, mais nous suivions notre instinct : il devait bien exister un moyen de traverser ce fichu lac ! Nous avons fait la pause déjeuner près d’un petit ponton en béton, et comme par magie, le Victoria est apparu. Il s’agissait d’un bateau navette, fonctionnant 3 jours par semaine uniquement. Décidément, la chance nous poursuivait ! Nous avons discuté avec Rodolfo, le capitaine du bateau, et d’après lui il existait de l’autre côté du lac un chemin privé qui pouvait nous permettre de continuer notre périple. Ni une ni deux, nous avons embarqué ! Nous avons déposé quelques personnes dans différentes petites criques autour du lac ; seuls des petits sentiers partaient de ces criques, et à priori des maisons se cachaient dans la forêt, quelles vies reculées ! Rodolfo nous a laissé au terminus, à la plage du tigre. Nous avons débarqué tous les 4 avec nos vélos, sur cette plage déserte, au milieu de nulle part, tel Robinson sur son île. Rodolfo et les 2 membres de l’équipage nous ont fait de grands signes d’au-revoir, Augustin et Lise étaient comme d’habitude heureux et insouciants, nous aussi, nous ne doutions pas encore qu’une montée infernale nous attendait… La piste était tellement raide et caillouteuse que nous devions grimper 2 fois chaque tronçon : une première fois, Julien se chargeait du vélo de Virginie, Virginie se chargeait d’Augustin ; une deuxième fois, Virginie et Julien poussaient le tandem et la remorque. Quant à Lise, elle était autonome : 2 kinder surprises étaient promis en récompense ! Au bout d’1h30 de cette joyeuse gymnastique, notre bonne étoile est apparue : Andres et Salvador, surgis de nulle part, nous ont proposé de monter dans leur 4x4. Pourquoi pas… nous avons accepté. Mon dieu comme nous avons bien fait ! Nous nous croyions presque arrivés, mais en fait la piste continuait ainsi pendant 7 ou 8 kms, au milieu d’une forêt dense et sombre, avec aucune possibilité de bivouac, et aucun passage de voiture.
 
Nos 2 sauveurs nous ont laissé dans une zone beaucoup plus accueillante, avec des maisons, des prés, et une belle vue sur le lac. Nous avons demandé à un papi si nous pouvions planter la tente dans son jardin, au milieu des porcelets, des oies et des vaches. Aïe, Enrique était sourd comme un pot… la conversation fut donc difficile, mais les sourires étaient chaleureux, et Enrique finit par nous ouvrir son portail. Il est resté près de nous pour assister au montage de notre tente, il n’avait jamais vu ça de sa vie, et ça l’amusait énormément !
 
Sans difficulté nous avons rejoint la petite ville d’Entre Lagos. C’était la semaine du handicap, et nous sommes arrivés juste au moment où une course à pied allait démarrer. Lise a couru avec fierté les 2 kms du parcours. Quant à Augustin, il a préféré faire la course sur les genoux de Sandro, un handicapé en fauteuil roulant. Nous avons tous reçu une médaille, et le maire lors de son discours a chaleureusement remercié la famille française. C’était un beau moment de joie et d’émotion, dont nous nous souviendrons longtemps.
 
Plus qu’un jour de vélo… Demain nous filons à Osorno prendre un bus pour Santiago. Il paraît qu’il fait plus de 30°C là-bas, ça va nous changer !
 



 



 
 
 
 

6 commentaires:

  1. Augustino aussi aurait besoin d'aller chez le coiffeur... mais il est trop beau avec ses belles bouclettes blondes!!! Quant à la célèbre barbe de Julien, s'il la ramène, tout le monde va vouloir la voir (voire même la toucher, c'est certain!!!)!! Ce qui suppose qu'il va falloir la garder jusqu'à avoir revu tout le monde, va-t-il tenir le coup???
    Oh la la Mazette, vous rentrez bientôt et vous êtes encore plus dans nos pensées ces jours-ci...
    Bravo à Lili pour son exploit pour le Téléthon (Augustin est toujours aussi malin pour trouver les bons plans!!).
    On vous embrasse fort. A bientôt (on a jamais été aussi près!). Profitez encore à fond et jusqu'au bout!!
    Les Chaume en folie!!!

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  2. Hello les warriors,
    dire que comme vous on pensait que vous aviez fait le plus dur, vous finissez en beauté dans les grimpette. Les Alpes vont vous paraitre bien plates. Bon retour à la réalité...

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  3. Cécile mat delaune10 décembre 2014 à 12:27

    Merci de cette belle échappée pendant quelques mois, quand parfois il faisait gris au milieu des tours, ça a fait du bien de suivre votre belle aventure...Ce matin j'ai dit à Wiame que Lise rentrait bientôt !!!

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  4. Coucou,
    J'ai l'impression que j'ai bu un coup, hier soir, chez vous, pour vous souhaiter un bon voyage. Et vous voilà déjà sur le chemin du retour.
    Mais quelle joie de vous revoir bientôt pour que vous me racontiez toutes vos péripéties.
    A tout bientôt,
    Dominique

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  5. En suivant votre belle aventure on a vraiment pas vu le temps passé... mais on a hâte de revoir vos mines d'aventuriers et vous entendre parler des Andes. Bon retour, gros bisous @tout bientôt
    Marie et Seb

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  6. Toujours d'aussi belles photos... un texte toujours aussi bien léché qui nous fait voyager en pensée avec vous dans ce rythme si particulier des voyages au long cours... encore merci.

    Pour ces derniers jours prenez le temps d'aller manger qqs glaces chez "emporio de la rosa" a Santiago, mais par contre pas la peine de perdre du temps à acheter des bouteilles de "casillero del diablo" (c'est du très classique qu'on trouve partout en France), ni avec du Pisco "Alto del Carmen" (même si pour le coup c'est bien plus local et beaucoup moins connu en dehors du pays... on en trouve quand même à l'épicerie Arax !)

    Des bises d'un travailleur qui ne VAM pas cet aprèm... et à très bientôt !

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