mardi 19 août 2014

Sajama – Sabaya : la piste bolivienne dans tous ses états

Juste avant de quitter Sajama, nos amis québécois nous ont  encore fait un joli sketch : tous guillerets, ils s’étaient levés à 5h du matin pour prendre le minibus de 6h et filer vers Patacamaya. Ils étaient les premiers arrivés à l’arrêt ; mais quand le minibus est apparu, 15 boliviens sont passés devant eux, le minibus s’est rempli et est parti sans les québécois. C’était le seul de la journée… Les 3 amis ont donc erré comme des malheureux pendant 2 heures dans les rues désertes de Sajama, par -15°C. Lorsqu’enfin notre hôtel a ouvert ses portes, ils sont entrés pour boire… 3 verres d’eau chaude ! A priori ils n’avaient vraiment plus beaucoup d’argent… C’est là que nous les avons trouvés, nous leur avons offert des sachets de thé et leur avons souhaité bonne chance pour la suite !
 
Quant à nous, nous nous sommes lancés sur la piste en direction de Sabaya. La piste bolivienne… toute une histoire ! Nous avons mis un peu de temps, mais nous avons fini par comprendre, que le principe  de la piste bolivienne est de désservir tous les villages et hameaux d’une zone. Bien-sûr les villages et hameaux ne sont pas parfaitement alignés, ils sont disséminés un peu partout dans la pampa ; par conséquent la piste n’est pas du tout directe, mais zigzague et fait de multiples et longs détours.
La distance à vol d’oiseau entre Sajama et Sabaya est d’environ 110 kms, nous avions planifié de rouler 140 kms, nous avons réellement effectué 180 kms…
Nous avons tenté (une fois) de prendre un raccourci, c’est-à-dire une piste secondaire qui coupe et permet d’éviter un hameau. Résultat, au bout de 2 kms nous étions au fond d’une cuvette, enlisés dans 20 cm de sable. Nous avons profité de cette occasion pour expliquer à nos enfants que l’erreur est humaine et que c’est en faisant des erreurs qu’on apprend… Nous avons appris : ne JAMAIS quitter la piste principale !!
 
Pendant ces 7 jours de piste, nous avons tout rencontré : le sable, la caillasse, la « tôle ondulée » due au passage des 4x4, les traversées de rivière... Nous nous sommes fait mal aux cuisses, aux fesses, au dos, aux bras… Mais le moral a toujours été là, et avec nos 20-25 kms par jour, nous avons avancé doucement mais surement.
 
On dit qu’en Mayenne il y a plus de vaches que d’habitants, et bien en Bolivie, il y a plus de lamas que d’habitants ! Les villages étaient particulièrement déserts, nous y croisions parfois un papi ou une mamie… Quelle drôle de vie quand-même… Sur la piste, les 4x4 aperçus dans la journée se comptaient sur les doigts d’une main. Heureusement dans chaque village nous trouvions une pompe ou un robinet pour nous ravitailler en eau.
 
Outre la difficulté, nous gardons plein de beaux souvenirs de ces étapes :
A Macaya, nous avons discuté avec les militaires les plus malheureux du monde. Les pauvres, ils avaient vraiment dû faire quelque chose de mal pour se retrouver en service militaire dans la caserne le plus paumée de Bolivie ! A Macaya aussi nous avons adoré le lac, les montagnes se reflétant dans ses eaux et les flamands roses.
A Julo, nous avons assisté à la fête nationale (fête de l’indépendance de la Bolivie). Le défilé était particulièrement comique : 7 écoliers, 9 militaires et 16 habitants ont défilé devant les 5 membres du conseil municipal ; le tout en musique et avec commentaires au micro s’il-vous-plaît ! Nous avons été invités par le maire à partager le repas de la fête ; pour la première fois nous avons mangé du lama, pas mauvais.
A Villa Turni, nous avons été accueillis par le pasteur et sa femme. Ils nous ont gentiment proposé une chambre, mais nous avons préféré le confort de notre tente. En revanche nous avons dîné chez eux : lama et quinoa étaient au menu. Et puis est venue l’heure de la messe, impossible de refuser. Grand moment de solitude pour la famille Bison dans cette église évangélique : nous étions 6, nous 4, le pasteur et sa femme… Le pasteur faisait la messe, tandis que la femme pleurait des prières à genou… Au bout de 20 minutes, nous avons prétexté que les enfants étaient fatigués pour nous éclipser… Merci les enfants !!
A Cruz de Huallyas, de nouveau on nous a proposé l’hospitalité : un ouvrier, qui nous offrait une chambre. Mais finalement, nous avons opté pour un bivouac dans le hall de l’hôpital, désert. Toit, électricité, ce n’était certes pas féérique, mais hyper pratique !
 
Et puis, il faut l’avouer, lors de notre dernière étape, nos nerfs ont failli craquer. Non seulement la piste nous a fait faire un énième détour imprévu de plusieurs kilomètres, mais en plus nous avons souffert d’un curieux phénomène : nous avons contourné une montagne en allant tout d’abord vers le nord, puis vers l’est, puis vers le sud, et vous nous croirez si vous voulez, nous avons eu le vent de face en permanence ! Autre chose étrange lors de cette étape : des autruches ont traversé la piste devant nos yeux ébahis… ? …
 
Enfin nous sommes arrivés à Sabaya. La ville était en fête depuis une semaine. Coup de chance, en discutant dans les rues, nous sommes tombés sur monsieur le préfet (complètement ivre) qui nous a proposé un logement. Ni une ni deux, il est monté à l’arrière du tandem pour nous montrer le chemin… de la préfecture ! C’est donc dans une pièce de la préfecture que nous avons élu domicile pour la nuit ; avec s’il-vous-plaît un policier pour monter la garde à l’entrée !
 
La fête de Sabaya était comment dire… une véritable orgie ! Les hommes buvaient bière sur bière, les femmes toutes jolies en tenue traditionnelle tenaient difficilement debout, les fanfares avaient bien du mal à défiler, attention aux chutes et aux fausses notes ! Tout le monde était saoul, c’était impressionnant. Même dans nos vies d’étudiants, nous n’avions jamais vu pareil spectacle ! Et nous au milieu de tout ça, et bien, on nous offrait des bières, nous devions boire des verres cul-sec « Si si, es la tradicion ! » qu’ils disaient… Julien a reçu plusieurs déclarations d’amour, pendant que Virginie essayait, tant bien que mal, de protéger Lise et Augustin de tous ces bras qui voulaient les porter et toutes ces bouches qui voulaient les embrasser. Puis nous avons quitté cette orgie pour aller tranquillement nous endormir à la préfecture.
 

 

 

 


 

 


 

 

4 commentaires:

  1. Vos photos sont magnifiques !!!!vos commentaires aussi !!! j'adore vous suivre .... Bisous Lili

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  2. Et là,j'ai envie d'éclater de rire à cause de ce Préfet et de l'histoire de la grande fête,mais ça me fait terriblement mal au dos...!!!
    Merci encore et bonne continuation surtout.
    Gros bisous de nous trois.
    Juliette, Émilie et Julien

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  3. Bonjour les Bisons!
    Merci pour le partage. Nous prenons cette route dans deux jours et avons une petite question. Comment avez vous traversé la rivière après Macaya pour rejoindre la route qui va à Julo. Sur mes cartes elles ne se rejoignent pas. Aussi, à partir de Coipasa, sur le lac de sel, y-a-t-il un chemin clairement tracé par les 4x4 vers le sud pour rejoindre la route sur le bord du lac? Merci pour vos photos...nous sommes inspirés!
    Charles et Denise

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    1. 4 Bisons dans les Andes28 août 2014 à 01:06

      Voici mon adresse email ça sera plus facile pour communiquer julienbison@yahoo.fr
      Je vous enverrai une photo de nos cartes et les explications.
      Je vais envoyer votre adresse de blog à mes parents....pour inspiration!

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